Avant, j’étais la reine des stratagèmes : « Salut, ça fait plaisir ! » (très vague), questions-parapluie (« On s’est vues où déjà ? »), sourire, hochement de tête… Tout pour éviter qu’on remarque que je ne reconnaissais pas la personne en face.
Désormais, je préfère poser la carte sur la table dès le début : j’ai un souci avec la reconnaissance des visages, n’hésite pas à me redire ton prénom. En deux secondes, les malentendus s’évaporent.
La preuve par une anecdote qui me fait encore rire. J’ai une vingtaine d’années, je déambule au Salon du Cheval à Paris. Un gentil jeune homme m’aborde, rayonnant :
— « Salut France, comment vas-tu ? »
Conclusion logique : on se connaît. Il enchaîne et me raconte sa vie récente avec ses chevaux pendant… cinq bonnes minutes. Pendant tout ce temps, ma voix intérieure répète : Mais qui est-ce ? Qui est-ce ? QUI EST-CE ?
La conversation se termine, je n’ai pas osé poser LA question, et — des années plus tard — je ne sais toujours pas qui c’était. Cette histoire, je l’adore pour illustrer pourquoi il vaut mieux dépasser sa crainte et dire qu’on a un souci de reconnaissance (sans forcément prononcer “prosopagnosie”, d’ailleurs).
C’est pour éviter ce genre de scène délicate que je préviens maintenant mes interlocuteur·rice·s.Au cinéma, quand il y a trop de personnages… disons que j’espère très fort qu’ils gardent les mêmes costumes, sinon je perds le fil (rires).