Le monde vient de perdre une voix rayonnante. Jane Goodall est décédée à l’âge de 91 ans, de cause naturelle, alors qu’elle était encore en tournée de conférences.
Pour beaucoup, elle restera la primatologue qui a vécu avec les chimpanzés, les a nommés un par un, et révélé leur intelligence, leur personnalité, leur empathie. 
Jane Goodall fait aussi partie des (trop) rares personne à avoir parlé de son handicap invisible : la prosopagnosie.

Dans un essai publié dans The New Yorker, Oliver Sacks rapporte que Jane Goodall souffrait d’une prosopagnosie — qui affectait autant sa relation aux humains qu’aux chimpanzés. Elle écrivait :
« I have huge problems with people with ‘average’ faces… I have to search for a mole or something. » (J’ai énormément de mal avec les visages… je dois chercher un grain de beauté ou un détail.)
Comme beaucoup de prosopagnosiques, elle reconnaissait ses proches et ses chimpanzés familiers, mais avait besoin de repères précis (grain de beauté, voix, démarche) pour identifier les visages moins marqués.
Rendre visible un trouble invisible
L’œuvre de Jane Goodall a toujours été guidée par l’empathie, le respect du vivant et l’attention au-delà des apparences. En cela, sa prosopagnosie prend une valeur symbolique :
- Elle rappelle que nos visages ne suffisent pas à nous définir.
 - Elle montre qu’un cerveau peut regarder un chimpanzé — ou une personne — sans pouvoir “la nommer”.
 - Elle contribue à démystifier ce trouble : si une figure aussi célèbre en parlait, cela légitime les expériences de milliers d’autres.
 
Dans les années 1960, Goodall donnait des noms à ses chimpanzés et décrivait leur caractère. Aujourd’hui, on peut relire ce geste comme une autre manière de reconnaître l’“intérieur”, au-delà du visage.
Un héritage qui dépasse la science
- Elle a fondé l’Institute Jane Goodall et le programme Roots & Shoots, qui mobilisent les jeunes pour la planète.
 - Elle s’est imposée comme porte-parole mondiale sur l’écologie, la conservation et l’éthique.
 - Elle a incarné le lien entre connaissance et compassion, rappelant que les scientifiques sont aussi sensibles, fragiles, profondément humains.
 
Avec la disparition de Jane Goodall, c’est une conscience planétaire qui s’éteint, mais son héritage — scientifique, humaniste et intime — continuera à éclairer ceux qui cherchent à comprendre le vivant, et à donner une voix aux invisibles.
					




            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
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