Dimanche soir, je trie mes images sur mon ordi. Je tombe sur un portrait plein cadre : une personne dans MON salon, cadrage nickel, lumière douce. Je zoome… mais qui est-elle ?
Je vérifie le nom du fichier : Ah. Je plisse les yeux, tilt toujours pas. Puis je me rappelle : hier, j’ai changé de coiffure — frange toute fraîche, cheveux lissés.
Je me lève, je file au miroir. La personne de la photo me regarde… depuis mon propre visage version “nouvelle saison”. Je reviens à l’ordi, je ris tout seul·le. Je viens d’enquêter sur une intruse qui squattait… mon disque dur.
Dans ma tête : Sans ma coiffure habituelle, mon cerveau perd l’indice principal qui me sert d’étiquette. Comme je ne fixe pas les visages, je m’appuie sur des repères changeants (cheveux, barbe, lunettes). Quand je les modifie, l’association “moi = cette tête-là” casse. Sur photo, pas de voix ni de mouvements pour m’aider : je dois passer par le contexte (lieu, vêtements) pour conclure que l’inconnue… c’était moi.