Les fêtes de village, les marchés de nuit, les concerts dans les parcs.
Des lieux où tout le monde est un inconnu et personne n’attend que tu te souviennes de son prénom.
Où l’on peut sourire à quelqu’un, discuter quelques instants,
et disparaître dans la foule sans que ce soit mal vu.
Je m’y sens libre.
Libre de ne pas faire semblant.
Libre d’oublier sans qu’on m’en veuille.
Je me fonds dans le bruit, les couleurs, les mouvements.
C’est un soulagement de ne pas être le seul à ne pas reconnaître.
Ici, tout le monde est flou, et c’est normal.
C’est que dans les petits groupes, on te regarde trop.
On attend de toi des signes de mémoire, d’affection.
Alors je me noie dans la foule pour respirer.
Certaines personnes prosopagnosiques développent des préférences sociales qui leur permettent d’éviter les situations où la reconnaissance faciale est essentielle.
Les grands groupes anonymes offrent un refuge : on n’a pas besoin d’identifier, de relier les visages à des souvenirs.