Je suis sur un podium, à danser comme si la techno payait mon loyer. En bas, je repère mon copain : même silhouette, même coupe, même sweat. Je me penche, je me tourne vers lui, je ferme les yeux — bim, gros baiser façon déclaration universelle.
Sauf que… il embrasse “bizarre”. Pas mauvais, juste pas lui. J’ouvre les yeux : horreur — visage inconnu, sourire interloqué. Je viens d’embrasser un parfait inconnu qui portait le même sweat que mon copain.
La musique couvre tout, mes joues flambent. Je bafouille des excuses, gestes à l’appui : erreur de personne, mille pardons, confusion totale, je suis désolé·e. Le type, tout sourire, me montre plus loin… mon vrai copain, yeux ronds. Je descends, j’explique, j’explique encore — “le sweat ! la lumière ! j’ai fermé les yeux !” — et on finit par en rire tous les deux, après un grand oups et un câlin de réconciliation.
Je ne connaissais pas encore la prosopagnosie. Aujourd’hui, j’ai un protocole anti-gaffe : d’abord la voix, parfois la démarche, et un petit signe convenu (main levée, geste code) avant le baiser. Ça évite les romances surprise avec des inconnus très polis.