Dans l’anime/manga Les Carnets de l’Apothicaire (Kusuriya no Hitorigoto), le stratège Lakan — le père biologique de Maomao — est prosopagnosique. Pour représenter cet état, la série nous fait voir, par moments, à travers son regard : les habitants du palais ont le visage figuré comme des pièces de jeu.

les subalternes sont des pions de Go (ce qui souligne la faible valeur perçue et le côté interchangeable)

les nobles comme des pièces d’échecs/Xiangqi, différenciées par le rang.
Il s’appuie sur l’uniforme et l’apparat (costumes, insignes) pour inférer le statut. Cette lecture visuelle est une métaphore… et une très bonne illustration des stratégies de compensation en prosopagnosie (utiliser les vêtements, la voix, la démarche ; s’adresser à quelqu’un sans forcément savoir qui c’est, mais avec une idée assez précise de l’importance de la personne).
L’usage des pièces d’échecs/Xiangqi et du Go (notamment dans les épisodes 22–23) rend visible le système de compensation mental de Lakan : il « tague » les gens par leur fonction, qu’il déduit des costumes, pour pallier le fait qu’il n’en a pas l’identité.
« Je vois les visages… mais ils ne me disent rien »
Cela crée tout de même un malentendu : les personnes prosopagnosiques voient bien les visages ; le problème, c’est que l’association visage → identité ne se fait pas.
Un petit déclencheur de discussion… à la maison
En tout cas, ça a surtout permis une chouette discussion avec ma fille (non prosopagnosique), qui s’interroge sur la prosopagnosie : « ce que ça fait pour de vrai », « comment je fais pour ne pas voir les visages ».

Mais je vois les visages… et j’aime voir les visages ; c’est juste qu’ils sont neufs à chaque fois. Je n’ai pas le souvenir d’avoir déjà vu ce visage — et comme c’est comme ça pour tous, c’est devenu habituel. J’aurais même pu ne jamais m’en rendre compte et penser que tout le monde voit comme moi.
					




            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
Ahhh merci pour l’explication ! Je pigeais pas trop le délire de Lakan qui voit des pièces d’échecs ou de go dans sa tête je croyais que c’était juste une fantaisie stylée de l’auteur. Là, avec ton éclairage sur la prosopagnosie, ça prend carrément plus de sens : il compense son incapacité à reconnaître les visages en transformant les gens en “pions” en fonction de leurs valeurs.
Ce que je trouve super intéressant, c’est que ça colle aussi à une logique hyper japonaise du manga : utiliser un défaut ou un handicap pour créer une vision du monde unique. Les auteurs japonais adorent transformer une faiblesse en force narrative — que ce soit dans les shônen, les seinen ou les mangas historiques. Lakan devient pas juste “un mec chelou”, mais un perso qui incarne une manière différente de lire la réalité.